Le Kenya est confronté à un problème environnemental majeur : le pays est envahi par les vêtements usagés provenant d’autres continents, selon un rapport de la fondation Changing Markets. Ce rapport, basé sur les constatations des groupes écologistes kényans Wildlight et Clean Up Kenya, affirme qu’un volume écrasant de vêtements usagés expédiés au Kenya est constitué de vêtements synthétiques qui sont en fait des déchets.
La plupart des vêtements qui arrivent au Kenya sont issus de l’Union européenne, où ils sont donnés à des associations caritatives après avoir déjà été utilisés plusieurs fois. Mais ces dons ne sont pas motivés par la générosité, mais plutôt par un intérêt économique. En effet, ces vêtements sont vendus à des prix très bas aux importateurs kényans, qui les revendent ensuite sur les marchés locaux. Selon Clean Up Kenya, l’ampleur du problème ne cesse d’augmenter.
Voici une vidéo relatant ces faits :
Son fondateur, Betterman Simidi, dénonce le fait que les donateurs européens ignorent les conséquences de leur geste sur les pays pauvres comme le Kenya. Lorsque ces vêtements sont donnés en Europe, les citoyens européens qui les donnent peuvent penser qu’ils font un geste de bonne volonté envers les pays pauvres comme le Kenya, mais ces dons sont devenus une industrie multimillionnaire, dit-il.
Le problème est que ces vêtements sont fabriqués avec des fibres synthétiques qui contiennent du plastique. Or, l’exportation des déchets plastiques est restreinte par la Convention de Bâle, un accord volontaire qui vise à contrôler les mouvements transfrontaliers des déchets dangereux et leur élimination. Pourtant, un tiers des vêtements expédiés au Kenya contiendrait du plastique, selon le rapport de Changing Markets. Ces vêtements mettent donc beaucoup de temps à se dégrader et ont un impact négatif sur l’environnement en polluant le sol et les sources d’eau. Edward Mungai, un chercheur en développement durable à l’université Strathmore, estime que les fabricants devraient être légalement responsables de l’élimination durable de leurs vêtements.
« Maintenant, par exemple, ils exportent et oublient, ils doivent aller plus loin et probablement trouver quoi faire avec ces produits et dans ce cas vous savez que les matériaux synthétiques probablement il devrait y avoir une interdiction en termes de ce qui devrait être exporté et ce qui ne devrait pas être exporté parce que de cette façon alors nous pouvons traiter le problème que nous avons dans le sud où nous recevons des choses d’occasion dont seulement probablement 50 pour cent peuvent être utilisés le reste va dans les décharges », dit-il.
Le Bureau kényan des normes a du mal à faire respecter son programme de vérification préalable à l’exportation de la conformité aux normes (PVoC). Ce programme vise à faire en sorte que les importations soient contrôlées dans leurs pays d’origine par des sociétés d’inspection tierces.
Le programme fonctionne depuis 2005, mais Bernard Nguyo, directeur de l’assurance qualité et de l’inspection au Bureau kényan des normes, affirme que des commerçants véreux profitent de la position stratégique du Kenya comme pays de transit. Il prétend qu’ils font semblant d’importer des vêtements pour les marchés des pays voisins comme l’Ouganda ou le Soudan et qu’ils réimportent ensuite les vêtements au Kenya par des moyens non conventionnels.
Face à ce fléau, plusieurs solutions sont envisagées. D’une part, il s’agit de sensibiliser les consommateurs kényans aux effets néfastes des vêtements usagés sur l’environnement et de les encourager à acheter des vêtements locaux, fabriqués avec des matériaux naturels et durables.
D’autre part, il s’agit de renforcer la réglementation et le contrôle des importations de vêtements usagés, en appliquant la Convention de Bâle et en imposant des taxes ou des quotas. Enfin, il s’agit de développer des initiatives de recyclage et de valorisation des vêtements usagés, en les transformant en matières premières ou en produits utiles, comme des sacs, des couvertures ou des tapis.
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