Crise en Ukraine : le casse-tête des industriels pour les étiquetages alimentaires
Les industriels du secteur agro-alimentaire doivent faire face, depuis plusieurs semaines, aux conséquences collatérales de la guerre en Ukraine et des pénuries de certaines denrées (notamment l’huile de tournesol) qui en découlent. Obligés de changer leurs recettes à la hâte pour pouvoir continuer à fabriquer leurs produits, ils ne peuvent pas faire évoluer leurs étiquetages aussi rapidement, du fait des délais d’impression.
Ceci crée un problème de transparence et d’information des consommateurs qui doit être réglé dans les six mois à venir selon le gouvernement. Un challenge pour de nombreux industriels.
La pénurie mondiale d’huile de tournesol, dont l’Ukraine est un des principaux producteurs, a obligé les industriels de l’agro-alimentaire à faire évoluer leurs recettes en utilisant des matières premières de substitution, et notamment certains produits qui posent problèmes à de nombreux consommateurs, comme l’huile de palme. Des changements qui sont affichés en magasin mais qui n’apparaissent pas, pour l’heure, dans les recettes indiquées sur les étiquettes des emballages.
Pénurie d’huile de tournesol : « une crise qui a pris tout le monde de court »
Une mise à jour des étiquetages qui s’avère être un véritable casse-tête pour les industriels qui doivent identifier les matières premières impactées parmi les recettes de dizaines et de dizaines de produits qui doivent être mis à jour. Une tâche titanesque, rendue d’autant plus stressante que chaque opérateur concerné doit formuler une demande de dérogation à la DGCCRF (organisme public de contrôle des fraudes à la consommation) jusqu’à modification de l’étiquetage de ses produits. Des dérogations qui sont accordées pour une durée de six mois maximum.
Le temps est donc compté et l’ensemble des acteurs du secteur travaillent sur la question depuis plusieurs semaines déjà. Il faut toutefois noter qu’il s’agit d’un enjeu de transparence vis-à-vis des consommateurs, mais pas d’une problématique sanitaire, dans la mesure où les industriels ont déjà déclaré la liste de tous les nouveaux ingrédients auprès de DérogConso, un organisme public dépendant du ministère de l’économie et des finances.
« C’est un challenge. Il faut retrouver toutes les recettes et tous les étiquetages. Or, beaucoup d’industriels travaillent encore manuellement sur les données critiques des produits », comme le constate Hafida Saidani, chef de produit Insight chez Trace One, le leader mondial de la collaboration entre industriels et distributeurs. Depuis près de deux mois, ses équipes travaillent en continu pour accompagner les industriels dans la mise à jour de leurs recettes et de leurs étiquetages. « Tout le monde a été pris de court », assure-t-elle, avant de préciser avoir accompagné « tous nos clients impactés », grâce à l’outil d’analyse de la donnée Insight, qui « offre une vue globale de toutes les données sur les spécifications des produits ».
Des données centralisées pour réagir rapidement à tous types de crises
Un outil centralisé d’analyse des données qui a, selon elle, permis de « gagner du temps en identifiant en quelques clics les éléments sur lesquels agir pour faire évoluer les recettes », même si la plupart de ses clients n’avaient pas conscience avant la crise « de la finesse d’analyse de l’outil » pour retrouver « toutes les matières premières provenant d’Ukraine ou de Russie ». Une fois les problématiques identifiées, « notre solution d’analyse de la donnée Insight permet d’avoir des listes exportables, ce qui offre à nos clients une vraie capacité d’agir en retravaillant leurs recettes, puis en lançant le processus de mise à jour de l’étiquetage et de communication ». Disposer de bases de données fiables et centralisées représente, selon Hafida Saidani, l’une des priorités des industriels pour « anticiper tous types de crise, que ce soit une crise d’approvisionnement comme aujourd’hui, ou une crise sanitaire, avec par exemple des rappels de produits ».
Une chose est certaine. Les industriels n’avaient pas anticipé l’impact prolongé de la crise en Ukraine et ont dû s’adapter en un temps record à une nouvelle réalité. Mais si les consommateurs devront encore attendre plusieurs semaines avant de voir les étiquetages actualisés, « la démarche est d’ores et déjà lancée pour la plupart des industriels, et on devrait sans doute y voir plus clair d’ici peu de temps en ce qui concerne les dates d’actualisation des étiquetages », résume Hafida Saidani avant de conclure. « C’est une crise où il a fallu agir très rapidement et où la donnée-produit centralisée a permis aux industriels d’avoir une vue à 360 degrés de leurs produits, d’identifier les produits impactés et d’agir rapidement, pour préparer le travail sur la transparence des produits mis sur le marché ». Un travail qui n’est pas encore achevé
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