La pollution du métro parisien
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L’air du métro parisien : un danger invisible pour la santé ?

Chaque jour, des millions de personnes empruntent le métro et le RER à Paris pour se déplacer. Mais savent-elles ce qu’elles respirent dans les stations et les rames ? Plusieurs études ont révélé que l’air du métro parisien est très pollué par les particules fines, qui peuvent avoir des effets néfastes sur la santé. D’où vient cette pollution ? Quelles sont les lignes les plus touchées ? Quels sont les risques pour les usagers et les agents ? Et que fait la RATP pour améliorer la situation ?

La pollution du métro : une combinaison de deux sources

L’air du métro n’est pas le même que l’air extérieur. Il est composé de particules fines, qui sont des poussières microscopiques en suspension dans l’air, mesurant moins de 2,5 micromètres (μm) de diamètre. Ces particules sont classées cancérigènes par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui recommande de ne pas dépasser une concentration moyenne annuelle de 10 μg/m3.

Voici une vidéo relatant ces faits :

Or, selon une étude publiée en mai 2023 par l’émission « Vert de rage » de France Télévisions, en collaboration avec le CNRS et l’association Respire, l’air du métro et du RER parisien contient en moyenne 24 μg/m3 de particules fines, soit près de deux fois et demi plus que la limite fixée par l’OMS.

Cette pollution provient à la fois de l’air pollué des rues de la capitale, qui ventile les stations, et des rames de métros elles-mêmes, qui créent des poussières lors du freinage. La circulation des métros et des RER crée une surpollution d’en moyenne 10,5 μg/m3 par rapport à l’air extérieur.

La ligne 5 : la plus polluée du réseau

Toutes les lignes ne sont pas égales face à la pollution. L’étude de « Vert de rage » a mesuré le niveau de pollution sur 14 lignes du métro et du RER pendant huit mois, en équipant des volontaires d’outils de mesure pendant leurs trajets quotidiens.

Le résultat est sans appel : la ligne 5 est la plus polluée du réseau, avec une concentration moyenne de 38 μg/m3 de particules fines, soit près de quatre fois plus que la recommandation de l’OMS. Cette ligne traverse le centre de Paris d’est en ouest, en passant par des stations très fréquentées comme Bastille, République ou Gare du Nord.

Les autres lignes les plus polluées sont la ligne 13 (32 μg/m3), la ligne 4 (31 μg/m3) et la ligne 8 (30 μg/m3). A l’inverse, les lignes les moins polluées sont la ligne 14 (14 μg/m3), la ligne 1 (15 μg/m3) et la ligne 6 (16 μg/m3).

Les risques pour la santé : des effets à court et long terme

Respirer un air pollué dans le métro peut avoir des conséquences sur la santé des usagers et des agents. Les particules fines peuvent pénétrer dans les poumons et le sang, et provoquer des inflammations, des irritations ou des allergies. Elles peuvent aussi aggraver des maladies respiratoires ou cardiovasculaires, comme l’asthme, la bronchite ou l’hypertension.

A court terme, les symptômes peuvent se traduire par une toux, un essoufflement, une irritation des yeux ou du nez, ou encore une fatigue. A long terme, l’exposition chronique aux particules fines peut augmenter le risque de développer un cancer du poumon ou d’autres organes.

Selon une étude publiée en 2016 par l’Institut de veille sanitaire (InVS), la pollution de l’air aux particules fines serait responsable de 5 000 décès prématurés chaque année en Ile-de-France, dont 2 500 à Paris.

Les solutions pour améliorer la qualité de l’air

Face à ce constat alarmant, la RATP affirme prendre des mesures pour réduire la pollution dans le métro et le RER. La régie des transports parisiens dispose de son propre système de mesure de la qualité de l’air, qu’elle juge « précis, complet et reconnu » par Airparif, l’organisme chargé de surveiller l’air en Ile-de-France.

La RATP conteste également les méthodes et les résultats de l’étude de « Vert de rage », et rappelle que les recommandations de l’OMS ne s’appliquent pas aux enceintes ferroviaires souterraines, mais seulement à l’air ambiant extérieur.

Parmi les actions menées par la RATP pour améliorer la qualité de l’air, on peut citer :

  • le renouvellement du parc de rames, avec des matériaux moins émissifs et des systèmes de freinage moins générateurs de poussières ;
  • le nettoyage régulier des tunnels, des voies et des stations, avec des aspirateurs spécifiques ;
  • le renforcement de la ventilation naturelle et mécanique des stations et des tunnels ;
  • la mise en place d’un plan d’action pour réduire les émissions liées au chauffage et à la climatisation des locaux techniques.

Ces mesures sont-elles suffisantes pour garantir un air sain dans le métro parisien ? Les associations de défense de l’environnement et les syndicats de salariés ne le pensent pas. Ils réclament davantage d’investissements, de contrôles et de transparence sur la qualité de l’air dans les transports en commun souterrains. Ils demandent aussi une révision des normes réglementaires, qu’ils jugent trop laxistes pour protéger la santé des usagers et des agents.

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